Annales de démographie historique, 1999 n°1

Faire son chemin dans la ville 

La mobilité intra-urbaine

Sommaire

Jean-Luc PINOL, La mobilité dans la ville, révélateur des sociétés urbaines 

Patrice BECK et Pascal CHAREILLE, Les changements de résidence à Dijon à la fin du XIVe siècle 

Renzo DEROSAS, Residential Mobility in Venice, 1850-1869 

Olivier FARON, Itinéraire (s) urbain(s). Les changements de domicile à l’intérieur de Milan au XIXe siècle 

Thierry EGGERICKX, Michel FOULON et Michel POULAIN, Suivre le chemin des nouveaux immigrés dans la ville : le cas de Châtelet de 1867 à 1900 

Cyril GRANGE, La mobilité intra-urbaine à Paris et dans l’Ile-de-France au XXe siècle : l’exemple des familles du Bottin mondain 

Colin G. POOLEY and Jean TURNBULL, Moving through the City: the Changing Impact of the Journey to Work on Intra-Urban Mobility in XIXth Century Britain 

Sébastien ALBERTELLI, Les difficultés de la démographie urbaine médiévale : enquête sur les feux à Chalon-sur-Saône et dans ses faubourg, entre 1381 et 1476

Odette HARDY-HEMERY, Statuts professionnels et mobilité sociale (1815-1880). Les petites villes du Hainaut français en voie d’industrialisation 

Patrice Beck et Pascal Chareille

Les changements de résidence à Dijon à la fin du XIVe siècle

Résumé

La population de la capitale des ducs de Bourgogne de la fin du Moyen âge est éclairée par un ensemble particulièrement fourni de dénombrements des foyers : d’une part des comptes annuels de l’imposition des « marcs » frappant les bourgeois de Dijon, d’autre part des registres des « cherches des feux » liées aux aides extraordinaires. En 1375-1376, l’enquête sur le terrain a été doublée à quelques semaines d’intervalle et l’une des copies conservées rapporte le détail des mutations enregistrées, notamment les caractéristiques et les causes des déplacements. à partir de ce corpus, 3 148 foyers dijonnais ont été identifiés et suivis entre mars 1375 et mars 1377 : sur les 904 mobilités enregistrées, 468, soit une bonne moitié, sont des migrations intra-urbaines attestées et parfaitement renseignées ; 65 % ne franchissent pas les limites paroissiales et les 35 % restant migrent essentiellement vers un quartier limitrophe ; elles dessinent les réseaux de parenté et les intérêts socioprofessionnels, dénoncent aussi les coups du sort qui entraînent misère et errance.

Summary

The population of Dijon, in Burgundy, at the end of the Middles Ages can be better understood thanks to a particularly complete series of household indexes : first, the annual accounts of the "marcs" tax imposed on Dijon’s bourgeois population ; second, the "cherches des feux" registers having to do with extraordinary assistance. In 1375-1376, a survey in the field was conducted twice in the space of a few weeks and one of the still existing copies relates in detail the registered mutations, notably the characteristics and reasons for moving. Thanks to this material, 3 148 Dijon households were identified and followed from March 1375 to March 137: of the 904 registered moves, 468 – that is more than half- are attested and perfectly informed intra-urban migrations ; 65% do not go beyond the parish borders and the remaining 35% move essentially to a bordering neighbourhood. These moves illustrate networks of kinship as well as socio-professional interests; they also reveal the blows of misfortune leading to poverty and wandering.

Retour au sommaire

Renzo Derosas

Residential Mobility in Venice, 1850-1869

Résumé

L’article est fondé sur l’exploitation du registre de population constitué à Venise en 1850 et régulièrement mis à jour jusqu’en 1869. Ce type de source permet une observation continue de l’histoire des ménages car les changements intervenus dans leur composition comme dans leur lieu de résidence sont consignés et constituent une remarquable documentation pour l’étude des populations à cette échelle micro. Un échantillon tiré dans trois quartiers différents de la ville a constitué la base des résultats présentés ici. La mobilité résidentielle était alors caractérisée avant tout par des mouvements de courte distance, entraînant même rarement un changement de la paroisse de résidence. Une analyse multivariée a été utilisée afin d’apprécier la part des différents facteurs de la mobilité résidentielle, la plupart d’entre eux étant liés au cycle de vie familial. Néanmoins, la conjoncture économique a également un fort impact sur la mobilité : au cours des périodes de crise cette dernière s’accroît. La présence de quelque proche parent non corésident, en particulier les mères et les filles, joue aussi un grand rôle dans la mobilité ; elle suggère l’importance des stratégies féminines dans les choix résidentiels.

Summary

This study is based on the population register set up in Venice in 1850 and regularly updated until 1869. It is well known that population registers offer continuous-time information on the life-history of households, recording changes both in their composition and place of residence. Such source material is therefore invaluable in documenting population dynamics at the micro-level. For this analysis a sample including three different areas of the city was drawn upon. Overall, residential mobility was characterized by frequent short-range moves, seldom involving a change in the parish of residence. Logistic multivariate regression is used to test how various factors influenced differential mobility: most of these factors are related to the family life-course. Economic conjuncture likewise had a great impact on mobility, raising the frequency of movement in periods of economic crisis. Also the presence of some close non-coresident relatives, especially mothers and daughters, played a similarly important role in mobility, suggesting the importance of female-oriented strategies in residential choices

Retour au sommaire

Olivier Faron

Itinéraire (s) urbain(s). Les changements de domicile à l’intérieur de Milan au XIXe siècle

Résumé

La documentation anagrafique milanaise est l'une des rares sources permettant d'envisager de manière approfondie les déplacements à l'intérieur d'une ville du xixe siècle. Grâce à un échantillon de 400 fiches de familles, il est possible de suivre un ensemble de 1 741 domiciles pour la période allant de 1811 à 1861. On constate ainsi la rareté des noyaux familiaux très mobiles. Le temps moyen d'occupation d'un logement dépasse en effet cinq ans. Différentes analyses témoignent de logiques résidentielles peu différenciées, en fonction de la profession ou de l'origine géographique. En revanche, il semble exister des rapports étroits entre les choix de domicile et les cycles de vie démographiques. Une intégration dans l'espace citadin réussie – marquée notamment par une installation centrale et l'allongement de l'écart entre deux déménagements – coïncide souvent avec une extension du noyau familial. Inversement, des difficultés résidentielles s'accompagnent d'options malthusiennes. En dernier ressort, le nombre d'enfants ne constitue pas un facteur pénalisant pour la mobilité dans la ville.

Summary

Milanese anagraphic material is one of the only sources that gives an in-depth picture of movements within a nineteenth-century city. With a sample of 400 family filing-cards, 1741 households can be followed from 1811 to 1861. Very mobile family units turn out to be rare, the mean time span separating moves being greater than five years. Different analyses point to differentiated residential practices, according to the profession and geographic origin. In contrast, there seem to be close links between the choice of residence and the demographic life cycles. Successful urban integration– characterised notably by the centralised location of lodgings and the greater time span separating moves– often coincides with the enlargement of the family unit, while residential difficulties lead to more Malthusian choices. Finally, the number of children is not an obstruction to urban mobility

Retour au sommaire

Thierry Eggerickx, Michel Foulon et Michel Poulain

Suivre le chemin des nouveaux immigrés dans la ville : le cas de Châtelet de 1867 à 1900

Résumé

Si la mobilité spatiale reste un phénomène démographique mal connu au xixe siècle, ceci est vrai a fortiori pour la migration à l'intérieur même de la ville. Or le phénomène est important aussi bien en nombre que pour rendre compte de la ségrégation spatiale et de la mobilité sociale au sein des populations urbaines. Dans cette contribution, nous avons suivi le cheminement d'un millier de nouveaux immigrés en provenance de la campagne entre 1867 et 1872 et ce, dans la ville de Châtelet dans le bassin industriel de Charleroi.
Tout d'abord, où se dirigent les immigrés lorsqu'ils arrivent dans la ville ? Sur la base d'un découpage de la ville en quartiers, nous avons constaté que deux types de quartiers sont privilégiés : des quartiers intra muros à haute densité de population et forte mobilité et des quartiers extra muros aux abords des sièges d'exploitation de la houille. Dans tous les cas, le centre historique de cette ville ancienne cernée de fortifications est délaissé. Par ailleurs, on estime que près de la moitié des immigrés reste moins de deux années dans leur premier logement à Châtelet, alors qu'un sur cinq y demeure dix ans ou plus.
En suivant le cheminement migratoire de ces immigrés pendant trois décennies jusqu'au recensement de 1900, on vérifie que près de deux tiers ont quitté la ville en émigrant le plus souvent vers une autre commune industrielle. Parmi les autres qui sont restés en ville, un sur cinq est resté dans le même quartier, voire la même rue, deux sur cinq ont changé de quartier et les deux derniers sont décédés. Au nombre des 604 migrations internes effectuées par ces immigrés pendant les trois décennies d'observation, 23 % se font dans la même rue, 21 % vers une autre rue du même quartier et 56 % vers un autre quartier. Dans tous les cas, ce sont les quartiers « périphériques » aux abords des charbonnages en forte expansion qui attirent le plus, aidés en cela par quelques investisseurs « avertis » construisant à la hâte des rangées de logements pour faire face à l'expansion démographique de la ville.

Summary

If mobility in space is a demographic phenomenon still little known for the xixth century, this is all the more true as concerns migration within the same town. Yet the phenomenon is important is important both in numbers and so as to be able to account for spatial segregation and social mobility within urban populations. In this paper, we have followed the movements of a thousand new immigrants coming from the country between 1867 and 1872 in the town of Châtelent and the industrial area of Charleroi.
First, where do the immigrants go when they arrive in the town ? By carving up the town into districts, we have noticed that two types of neighbourhoods concentrate the most newcomers: intra muros neighbourhoods with a very dense and mobile population and extra muros neighbourhoods near the coal extraction sites. In all cases, the historical centre of the town, circled off by ancient fortifications, is abandoned. Furthermore, it appears that about half of the immigrants remains less than two years in their first lodgings in Châtelet, while one out of five stays for ten or more years.
In following the migrations of these immigrants over three decades until the 1900 census, it can be ascertained that some two thirds left the town- the most often for another industrial township. Among the others remaining in the town, one out of five stayed in the same neighbourhood, even on the same street, two out of five changed neighbourhoods and the two others died. Of the 604 interior migrations of the immigrants over the three decades under observation, 23% took place on the same street, 21% were to another street of the same neighbourhood and 56% to another neighbourhood altogether. In all cases, the "peripheral" districts near the expanding coal-mines draw the most immigrants, spurred on by certain "informed" investors who hastily build row houses to absorb the town’s demographic expansion.

Retour au sommaire

Cyril Grange

La mobilité intra-urbaine à Paris et dans l’Ile-de-France au XXe siècle : l’exemple des familles du Bottin mondain

Résumé

Cet article s’intéresse à la question de la mobilité intra-urbaine des familles mentionnées dans le Bottin Mondain au XXe siècle. La comparaison année par année des adresses des familles de l’annuaire a permis de reconstituer leurs itinéraires et de dater les déménagements. Cette étude se rapporte aux familles de Paris et des départements limitrophes (petite et grande couronnes). Rassemblées dans les VIIe, VIIIe, XVIe et XVIIe arrondissements, les familles du Bottin, lorsqu’elles changent de résidence se dirigent majoritairement vers le sud-ouest. Dans un premier temps le xvie arrondissement, avec les quartiers de La Muette et d’Auteuil, a constitué l'arrondissement d'accueil privilégié. Les communes des Hauts-de-Seine ont aujourd'hui pris le relais, rejointes plus récemment par les Yvelines. C’est pour beaucoup le déplacement du centre des affaires vers le centre-ouest de Paris qui a incité les populations des « beaux quartiers » à migrer vers les arrondissements périphériques de l'ouest et plus loin encore vers les Hauts-de-Seine et le nord-est des Yvelines. Enfin, la fréquence des déménagements s’est accrue régulièrement au cours du siècle : les familles d’aujourd’hui sont plus mobiles que leurs aînées.

Summary

This papers looks at the question of intra-urban mobility of families appearing in the Bottin Mondain throughout the xxth century. By comparing the families’ addresses year after year, their itineraries can be reconstituted and their moves dated. This study concentrates on families in Paris and the bordering départements (lesser and greater rings). Families in the Bottin live in the viith, viiith, xvith and xviith districts and when they move, they migrate south-west. At first, the xvith district, especially the Muette and Auteuil neighbourhoods, was the principal pole of attraction. Today, the Hauts-de-Seine townships have assumed this role, joined more recently by those of the Yvelines. The residents of fashionable neighbourhoods have tended to move westward or further to the Hauts-de-Seine and north-east to the Yvelines largely because the business centre of Paris has been transferred to the centre-west of the city. The frequency of moves has also increased regularly over the century: today’s families are more mobile than their forebears.

Retour au sommaire

Colin G. Pooley and Jean Turnbull

Moving through the City: the Changing Impact of the Journey to Work on Intra-Urban Mobility in XIXth Century Britain

Résumé

Au xixe siècle, la proximité du lieu de travail constituait l’une des principales contraintes de la mobilité résidentielle intra-urbaine. La multiplication des moyens de transport rapides a progressivement, au cours du xxe siècle, affaibli cette dépendance. Les salariés ont pu résider plus loin de leur lieu de travail que précédemment. Si le sens de l’évolution est connu, on ne peut en dire autant de la chronologie et des manières dont ces changements se sont opérés. L’article exploite des données rassemblées sur des histoires de vie, dans leurs dimensions qualitatives et quantitatives, afin de préciser les bouleversements intervenus dans les trajets domicile-travail en Angleterre au cours du xxe siècle, et afin d’en apprécier les conséquences probables sur les choix résidentiels. Le premier constat est que même si la distance moyenne parcourue s’est allongée de façon importante au xxe siècle, la durée moyenne de ces déplacements n’a que peu varié. Au cours de ce siècle, on observe en revanche d’importantes modifications des caractéristiques des trajets suivant le sexe et la situation. Les femmes utilisent souvent des modes de transport plus lents et sont confrontées à des contraintes plus fortes de leur cycle de vie sur leurs trajets que les hommes. L’article souligne l’importance du trajet domicile-travail comme facteur fondamental trop souvent négligé de la mobilité résidentielle urbaine.

Summary

In the xixth century the journey to work was one of the main constraints on intra-urban residential mobility. During the xxth century these ties have gradually been weakened as more people have gained access to faster forms of transport, and workers have been able to live further from their places of employment. However, we know relatively little about precisely when and how such changes occurred. This paper uses original quantitative and qualitative life history data to explore changes in the journey to work in Britain during the xxth century, and examine the likely impact of such changes on residential choice. It is demonstrated that whereas mean journey to work distances increased significantly during the twentieth century, the average amount of time spent commuting has changed little. There were notable variations in the structure of the journey to work by gender and location throughout the twentieth century, with women usually utilising slower transport modes, and experiencing greater life-cycle constraints on the journey to work. It is argued that the journey to work is an important and neglected factor that fundamentally influenced residential mobility in cities.

Retour au sommaire

Sébastien ALBERTELLI

Les difficultés de la démographie urbaine médiévale : enquête sur les feux à Chalon-sur-Saône et dans ses faubourg, entre 1381 et 1476

Résumé

Cette étude vise à illustrer la richesse des cherches de feux dans le cadre des études de démographie médiévale à partir de l’exemple de la cité de Chalon-sur-Saône et de ses faubourgs entre 1381 et 1476. Après avoir observé les problèmes spécifiques posés par les cherches dans un tel cadre, l’auteur a pu retracer l’évolution du nombre de feux à Chalon et dans un certain nombre de ses faubourgs sur la période étudiée. Il a ainsi pu mettre en évidence à la fois une double dépression articulée autour de 1423 et l’ampleur des variations sur les court et moyen termes. L’analyse du devenir des feux de cherche en cherche a permis de mettre en lumière l’importance des mouvements migratoires ainsi que l’appauvrissement de l’ensemble des feux, stables ou fugaces, au fil de la période étudiée. L’auteur s’est enfin attaché à cerner la spécificité de l’évolution dans les faubourgs. Il a pu y constater un appauvrissement plus accentué et une « variabilité » de la population plus importante. Il a cependant pu montrer que les faubourgs devaient être abordés dans un souci d’établir une typologie.

Summary

This study seeks to illustrate the richness of "cherches de feux" within the framework of studies of medieval demography, based on the example of the town of Chalon-sur-Saône and its suburbs between 1381 and 1476. After having observed the specific problems posed by the "cherches" in this context, the author traced the evolution of the number of "feux" in Chalon and in some of its suburbs during the surveyed period. He was thus able to reveal both the double depression happening around 1423 and the importance of variations over the short and mean term. By analysing the evolution of "feux de cherche en cherche" light is shed on the importance of migration and the impoverishment of all the "feux", both stable and transient, over the period in question. The author has also sought to identify the specificity of evolution in the suburbs. He was able to note a more accentuated impoverishment and a greater "variability" of the population. He has however also shown that suburbs should be considered in the perspective of establishing a typology.

Retour au sommaire

Odette HARDY-HEMERY

Statuts professionnels et mobilité sociale (1815-1880). Les petites villes du Hainaut français en voie d’industrialisation

Résumé

Cette étude s’efforce de dégager les profils sociologiques d’un échantillon d’une dizaine de villes du Hainaut français en voie d’industrialisation et en notable progression démographique. L’analyse de 25 000 actes de mariages a permis de reconstituer la structure et l’origine professionnelles des époux et épouses par quinquennats espacés de 1815 à 1880 et de comparer la profession des pères à celle des fils. La gamme professionnelle dans ces petites villes s’industrialisant n’est pas monolithique. Alors que l’hérédité professionnelle s’étend dans le textile à Fourmies et Le Cateau, les fils de journaliers s’orientent vers la mine et la métallurgie à Denain et Raismes. Les bouleversements industriels exercent des effets différentiels d’une agglomération à l’autre : dans les jeunes villes charbonnières, la mine recrute encore largement hors du corps originel tandis que dans les vieilles villes minières l’hérédité sociale est plus tenace. L’organisation de l’espace productif résulte moins d’une stratégie cohérente que d’une accumulation empirique échelonnée diversement dans l’espace et le temps.

Summary

This study is an attempt to trace the sociological profile of a sample of a dozen or so towns of the Hainaut reason in France an area at the time in the midst of industrialisation and notable demographic progression. The analysis of 25 000 marriage certificates allows one to reconstitute the respective spouses’ professional structure and origin by five year periods from 1815 to 1880 and compare the fathers’ with the sons’ professions. The range of professions in these small towns undergoing industrialisation is not monolithic. While professional heredity in the textile industry was kept up in Fourmies and le Cateau, the sons of daily agricultural workers turned to mining and metallurgy in Denain and Raismes. Industrial upheavals had different effects from one town to another: in the new mining towns, the mines employed many people from other areas, while in the old mining towns, social heredity was much stronger. The organisation of the space of production was less the result of a coherent strategy than of an empirical accumulation spread out diversely through time and space.

Retour au sommaire