Annales de démographie historique, 2002 n°1

La population dans la grande guerre

Sommaire

Olivier FARON, Guerre(s) et démographie historique 

Philippe BOULANGER, Les conscrits de 1914 : la contribution de la jeunesse française à la formation d’une armée de masse 

Pierre DARMON, La Grande Guerre des soldats tuberculeux. Hôpitaux et stations sanitaires 

Christine DEBUE-BARAZER, La gangrène gazeuse pendant la Première Guerre mondiale (Front occidental) 

Jennifer D. KEENE, A Comparative Study of White and Black American Soldiers during the First World War 

Philippe-E. LANDAU, La communauté juive de France et la Grande Guerre 

Jean-Yves LE NAOUR, Sur le front intérieur du péril vénérien (1914-1918) 

Lucia POZZI, La population italienne pendant la Grande Guerre 

Jay WINTER, Migration, War and empire: the British case 

Varia

Luc BUCHET et Isabelle SÉGUY, La paléodémographie : bilan et perspectives 

Philippe Boulanger

Les conscrits de 1914 : la contribution de la jeunesse française à la formation d’une armée de masse

Résumé

Cet article met en évidence l'importance quantitative du recrutement militaire au sein de la population adolescente masculine durant la Grande Guerre. Durant quatre ans, l'application de la conscription, qui repose sur la loi d'août 1913, permet le recrutement de presque deux millions d'hommes, soit généralement près de 90 % d'une classe d'âge. Elle doit permettre de constituer une armée de masse et d'alimenter les « gros bataillons » de l'infanterie. En 1914, 65 % des jeunes recrues sont affectées dans l'infanterie et, après la guerre, plus de la moitié d'entre elles le sont encore. Cette doctrine repose sur le principe que la victoire s'acquiert par le nombre, au terme d'une guerre courte. L'universalité et l'égalité des obligations militaires se sont imposées au début du siècle comme les conditions de sa réalisation. Tous les jeunes gens de 20 ans sont soumis au même régime quelle que soit leur origine sociale ou géographique.

Summary

This article gives prominence to the quantitative importance of the military recruitment among the youth male population during the Great War. During four years, the application of the conscription, that depends on the law of august 1913, permits the recruitment of about two millions men, that means about 90% of a catagory of age. That permits to constitute an army of mass, able to supply the “big batalions” of the infantry. In 1914, 65% of the young new members belons to the infantry and, even after the war, half of them still belong to it. This doctrine depends on the principle that victory is a matter of number according to the term of a short time war. The universality and the egality of the war's obligations were imperative at the beginning of the xxth century as the conditions of its realization. Every young aged of 20 are were required to follow the same rules, no matter can be their social of geographical origins.

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Pierre Darmon

La Grande Guerre des soldats tuberculeux. Hôpitaux et stations sanitaires

Résumé

Le 25 mars 1915, le Pr. Landouzy, éminent phtisiologue, lançait un cri d’alarme : les soldats tuberculeux sont légion et l’armée pourrait bien, dans les années à venir, libérer en France de formidables foyers de contagiosité. En effet, les conseils de révision sont mal équipés pour dépister le mal et se font un point d’honneur d’envoyer un maximum de « récupérés » au feu. Au fil des mois, le pullulement des « cracheurs » finit toutefois par inquiéter le service de santé. Pour les tuberculeux graves sont fondés des hôpitaux sanitaires aux allures de mouroirs. Les tuberculeux « latents » ou « ouverts » seront hébergés dans des stations sanitaires, sortes de sanatoriums de fortune, où, durant les trois mois qui précèdent la réforme, ils recevront une éducation hygiénique appropriée.

Summary

On March 25th, 1915, the well-known phthisiologist, Professor Landouzy, issued a formal warning: the number of soldiers with tuberculosis was enormous and in the near future, the army could very well disseminate dangerous contagious zones throughout France. Indeed, medical committees were poorly equipped and unable to properly diagnose the illness, and seemed more bent on sending a maximum number of “recovered” soldiers back to battle. As time went on, the proliferation of “coughers and spitters” was finally dealt with by the health services. Persons with the most serious cases of tuberculosis were sent to sanitary hospitals that resembled institutions for elderly and dying people. Persons having latent or symptomatic cases were placed in sanitary institutions, more or less temporary sanitariums, wherein over a period of three months that preceded the reform, they received an appropriate hygienic education.

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Christine Debue-Barazer

La gangrène gazeuse pendant la Première Guerre mondiale (Front occidental)

Résumé

Maladie infectieuse aiguë des parties molles, la gangrène gazeuse apparaît comme la complication la plus grave des plaies de guerre dès les premières offensives de l'automne 1914. Les médecins, surpris et impuissants, croient à l'émergence d'une nouvelle maladie. Or, au fil des mois on comprend que dans cette guerre de position tout concourt à favoriser le développement d'un mal connu depuis l'Antiquité : les blessures par éclats d'obus, l'immobilisation des soldats dans des tranchées insalubres, la pauvreté et la médiocrité des équipements sanitaires, l'acheminement lent et mal conduit des blessés vers l'arrière, les soins mal adaptés. Les équipes médicales et l'armée vont alors s'organiser pour mettre au point des protocoles thérapeutiques et des mesures prophylactiques efficaces. Certes, tous ces efforts seront récompensés et l'amputation du membre gangrené ne sera plus systématique. Néanmoins, pendant cette guerre de 1914-1918, une arme thérapeutique essentielle et réellement efficace man-que encore aux soldats de la santé : l'antibiothérapie.

Summary

An acute infectious disease attacking non-skeletal tissue, gas gangrene emerged as the most serious of war injuries as early as the first offensives in the autumn of 1914. Doctors, both surprised and powerless, thought they were witnessing the onslaught of a new disease. However, as the months passed, it became apparent that in this war of positions, what was evolving was an illness that had been known since Antiquity: wounds from shell explosions, soldiers immobilized in deleterious trenches, the mediocrity and even lack of sanitary equipment, the slow and ill-conceived transfer of the wounded away from the front lines, and unsuitable healthcare. The Army's medical teams thus organized and launched a series of efficient therapeutic and preventive measures. These efforts succeeded and the amputation of a gangrenous member was no longer systematically applied. However, during this period of World War I, an essential and truly efficient therapeutic arm was lacking: antibiotherapy.

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Jennifer D. Keene

A Comparative Study of White and Black American Soldiers during the First World War

Résumé

Quand on compare les expériences des soldats blancs et des soldats noirs dans l'armée américaine pendant la Première guerre mondiale, on voit immédiatement que les mesures racistes appliquées par les autorités américaines ont, au-delà des soldats noirs, atteint l'armée elle-même. Un pourcentage plus élevé des Noirs américains ont été enrôlés et sont morts de maladies. Mais parce qu'ils ne constituaient que 3 % des forces combattantes, ils ont été peu nombreux à mourir au combat. La volonté de former les régiments par race, de déplacer la plupart des soldats noirs dans les services auxiliaires, et de s'assurer que la majorité des soldats dans chaque camp d'entraînement étaient blancs, a aussi eu des conséquences pour les soldats blancs. L'armée américaine a abandonné le principe des unités régionales et a fait porter le poids de la guerre en priorité sur les soldats blancs. Il est possible que l'armée américaine ait été moins efficace sur les champs de bataille parce qu'elle n'a pas voulu utiliser les capacités des Noirs américains à combattre et à commander.

Summary

Comparing the experiences of white and black soldiers in the American army during the First World War reveals the toll that racist policies took on both African American soldiers and the army as a whole. African Americans were more likely than whites to be selected by local draft boards to serve and to die from disease once inducted into service. On the other hand, because they constituted only 3 percent of American combat forces, African American deaths in combat were few. The decision to segregate the army, place most African American soldiers in laboring units, and maintain a white majority in every training camp also affected the experiences of white soldiers. These policies forced the army to dilute the regional character of most units and placed the burden of fighting the war primarily on the shoulders of white soldiers. Arguably, the American army was less effective than it might have been because it squandered the talents of many within its ranks by limiting the opportunities for blacks to fight and lead.

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Philippe-E. Landau

La communauté juive de France et la Grande Guerre

Résumé

Même si la communauté juive forte de 180 000 âmes n'est pas homogène à la veille de la Grande Guerre (puisqu'elle compte près de 16 % d'immigrés et moins de 40 % d'israélites algériens, tout en étant traversée par divers courants philosophiques et politiques), elle partage une valeur du patrimoine républicain : le patriotisme. Lorsque la guerre éclate, réitérant avec plus de convictions l'enthousiasme de 1870 car profondément marqués par le perte de l'Alsace-Lorraine, ses membres se mobilisent au même titre que leurs concitoyens. Combattants résignés ou convaincus de la juste cause, intellectuels et étudiants, rabbins, notables et femmes, tous font leur devoir avec la certitude que les sacrifices consentis apporteront la victoire du droit sur la barbarie. Pendant quatre longues années, les israélites vont vivre au rythme des deuils et des espérances, se démenant pour témoigner d'une parfaite symbiose avec la nation, comme pour oublier l'affaire Dreyfus et confirmer leur adhésion à la grandeur républicaine. Leur participation est à l'image de leur intégration, comme en témoignent les lettres des soldats, les déclarations des rabbins, la presse confessionnelle et les œuvres. Si la victoire de 1918 est célébrée avec faste dans toutes les communautés, elle signifie aussi la disparition de 6 800 hommes sur les 38 000 juifs mobilisés. Le sacrifice, l'expérience du front et de l'arrière marquent durablement les mentalités et la mémoire. Jusqu'à l'avènement de Vichy, les israélites de France entretiennent le souvenir de l'Union sacrée, cette époque déjà lointaine où la fraternité n'était pas un vain mot.

Summary

Even if the Jewish community (180,000 persons) was not homogeneous on the eve of World War I (almost 16% immigrants, less than 40% Algerian Israelites, and influenced by a variety of philosophical and political platforms), it nonetheless adhered to one very specific aspect of the French Republic : patriotism. When the war erupted, the Jewish community — expressing even more conviction in light of 1870 events and the loss of Alsace-Lorraine — mobilized as enthusiastically as their compatriots. Reluctant or ardent fighters for the just cause, intellectuals and students, rabbis, officials, and women all accomplished their duty with the certainty that sacrifices endured would bring forth the victory of law over barbarism. For four long years, Israelites went from periods of mourning to ones of hope, struggling to maintain a position of perfect symbiosis with the nation, for example by forgetting the Dreyfus affair and confirming their adherence to the grandeur of the Republic. Their participation was a reflection of their integration, illustrated in letters from soldiers, declarations made by rabbis, editorials in religious press publications, and other written works. The 1918 victory was joyously celebrated in all communities, but didn't erase the fact that 6,800 Jewish men out of the 38,000 mobilized had died. This sacrifice and battle experience left a lasting impression on mentalities and memory. Up to the eve of the Vichy government, French Israelites cherished the memory of the sacred Union, that distant period wherein the word “fraternity” was not pronounced in vain.

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Jean-Yves Le Naour

Sur le front intérieur du péril vénérien (1914-1918)

Résumé

La prise en compte des maladies vénériennes dans la politique d’hygiène publique concorde avec la Première Guerre mondiale. Au combat contre l’ennemi extérieur, menaçant la nation dans son existence, s’ajoute une lutte contre l’ennemi intérieur qui risque de réduire les qualités de la race française et de conduire directement à la plus grande défaite. à partir de 1916, autorités civiles comme militaires prennent donc des mesures en cascade pour éradiquer le péril vénérien : elles oscillent entre la contrainte (la visite périodique des mobi-lisés, le traitement obligatoire, l’internement médical, l’obligation de dénoncer la contaminante), et la responsabilité individuelle que consacre le dispensaire antivénérien. Une fois la guerre achevée, l’œuvre bâtie dans l’urgence et dans l’angoisse ne sera pas désavouée mais tout au contraire poursuivie.

Summary

It is during the First World War that the French Public Health Service started to worry about venereal diseases. The French nation was not only fighting against a threatening outside enemy, but also against an inside one which might wipe out the qualities of the French breed and lead the country to a greater defeat. From 1916 on, both civilian and military authorities took an emergency action to try to eradicate venereal diseases: these measures were at the same time constraining (the mobilized troops were regularly subjected to a medical examination, and forced to receive a treatment in case of a venereal disease) and based upon individual responsibility (hence the creation of open dispensaries). Once the war was over, all these measures which had been adopted in emergency were not cancelled but perpetuated.

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Lucia Pozzi

La population italienne pendant la Grande Guerre

Résumé

L'analyse de la mortalité italienne au cours de cette période se heurte à des obstacles liés à la mauvaise qualité et aux biais des sources, en particulier en ce qui concerne la population militaire. L'article est par conséquent limité à la mortalité de la population civile. Dans une première partie, l'évolution générale et la distribution par âges de la mortalité sont précisées ainsi que les variations chronologiques et régionales de la mortalité infantile et enfantine. La grippe espagnole de 1918-1919 a joué le rôle essentiel en abaissant l'espérance de vie de façon importante. Dans la seconde partie, les causes de décès sont analysées ainsi que la qualité des données sur lesquelles il est possible de travailler. Les maladies respiratoires (en particulier la grippe), la tuberculose et la malaria sont à l'origine de l'accroissement du nombre de décès et de la forte dénivellation régionale qui caractérise la mortalité italienne pendant la guerre. Après la mise en évidence de ce phénomène, un essai d'interprétation est présenté.

Summary

The major aim of this paper is to provide a general outline of Italian mortality during the Great War. The years picked out here are very difficult to analyse because of the deficiencies and the biases of the official sources; these problems are particularly relevant in the case of military sources. For this reason the analysis refers only to civil population. The first part of the paper describes the general trend and the age structure of Italian mortality during these years as well as examines infant and child mortality evolution and territorial differences. The Spanish flu of 1918-1919 played a crucial role in lowering Italian life expectancy in the years under examination. The second part of the paper is totally devoted to the analysis of specific causes of death and pays great attention to data quality problems. Respiratory diseases (influenza in particular), tuberculosis and malaria caused the major increase in the number of deaths and they were also responsible of the great geographical variation which marked Italian mortality during the Great War years. The approach adopted is mainly descriptive but the author also explores interpretative hypotheses of these territorial differences.

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Jay Winter

Migration, War and empire: the British case

Résumé

Les migrations à grande échelle ont créé les liens qui maintinrent l’unité entre la société britannique et l’empire et les Dominions, dans les décennies qui ont précédé la Première Guerre Mondiale. L’émigration entre 1910 et 1914 a plus réduit le poids de la population masculine anglaise que ne l’a fait la saignée de la Grande Guerre. Après 1918, l’émigration a décru. Tandis que ces liens démographiques, politiques et économiques commençaient à se distendre, des dizaines de milliers de familles les renforçaient quant à elles par le biais des pratiques commémoratives. Les lieux de mémoire sont bien connus mais on sait moins de choses sur leur capacité à transformer l’histoire de l’Empire en des histoires familiales, ô combien tragiques. Après la Seconde Guerre mondiale, les liens entres les îles Britanniaques et les Dominions perdurèrent mais le flux humain qui les avaient suscités, se tarirent. Au même moment, l’immigration vers l’Angleterre changea à la fois sur le plan de ses caractéristiques et de sa composition ethnique. à partir des années 1950 l’immigration depuis les Antilles et le sous continent indien dépassa l’émigration vers les anciens Dominions. La démographie de l’Empire est désormais visible à Londres, Liverpool et Leeds, à rebours de la situation qui prévalait au début du XXe siècle.

Summary

Migration on a massive scale created the ties that bound together British society and its empire and dominions in the decades before the First World War. Total out-migration between 1910 and 1914 reduced the male population of Britain more than did the slaughter of te Great War. After 1918, out-migration diminished. As these demographic, political, and economic ties were beginning to coming apart, though, tens of thousands of families recovered those bonds through commemorative practices. Those sites of memory are well known, but less acknowledged is their power in turning the history of the Empire into family history, and family history of a tragic kind. After the Second World War, the ties between Britain and the Dominions were maintained, but the human flow that had created them diminished. At the same time in-migration to Britain changed in both character and color. From the mid-1950s, immigration to Britain from the West Indies and the Indian sub-continent outpaced emigration from Britain to the old Dominions. The demography of empire was now visible in London, Liverpool and Leeds, reversing the trend of population movement of the early twentieth century.

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Luc Buchet et Isabelle Séguy

La paléodémographie : bilan et perspectives

Résumé

La recherche des grandes caractéristiques démographiques des populations anciennes, fondée sur l'étude de squelettes issus de sites archéologiques, s'est heurtée à de nombreux obstacles. Les paléodémographes ont tenté, rarement d'une même voix, de les contourner par des adaptations méthodologiques ou des innovations. La publication d'ouvrages, la tenue de tables rondes et de colloques témoignent à l'heure actuelle du regain de vitalité de cette discipline. Il était donc intéressant de faire le point, tant sur les sources et les outils, que sur les grandes directions suivies naguère par la paléodémographie et les pistes qu'elle emprunte aujourd'hui, en France comme l'étranger. L'évolution de la discipline a été marquée par une longue polémique transatlantique concernant le problème posé par l'estimation de l'âge au décès des adultes. La validité des résultats présentés par les paléodémographes dépend de l'exactitude des données utilisées. Or, quel que soit l'indicateur utilisé, l'âge au décès estimé est toujours assorti d'une encombrante marge d'erreur. Pour contourner cette difficulté, des paléodémographes français ont proposé, il y a 20 ans, de travailler sur l'âge « collectif » et non plus sur l'âge individuel. Leur méthode probabiliste, adoptée par la plupart des paléodémographes européens, n'a pas la faveur de leurs collègues américains. Le présent bilan propose une analyse critique des diverses méthodes, examine les adaptations éventuellement proposées et dénonce des utilisations parfois abusives. La démonstration de l'impossibilité de donner un âge exact à partir d'un quelconque caractère osseux étant faite, les auteurs apportent ici quelques compléments à des méthodes existantes et poursuivent leurs recherches dans une approche probabiliste. En reconnaissant les imperfections du document anthropologique sur lequel elle se fonde et en définissant clairement ses limites, la paléodémographie peut apporter des informations originales là où les méthodes traditionnelles de la démographie ne permettent pas d'aller. Les nouvelles approches méthodologiques développées devraient permettre de tirer profit de l'important corpus de données mis à disposition par les anthropologues.

Summary

The search for major demographic characteristics of Ancient populations based on studies of skeletons extracted from archeological sites has encountered a number of obstacles. Paleodemographers have attempted (though rarely together) to avoid these problems through methodological adaptations or innovations. The recent publication of books, round table meetings, and conferences underline the renewed vitality of this discipline, thus rendering an evaluation of sources, tools, as well as past and previous hypotheses adopted by paleodemographers in France and abroad all the more interesting. First and foremost, the evolution of this discipline has been shaped by a longstanding transatlantic debate relative to the issue of estimating the age of death of adults. The validity of results presented by paleodemographers depends on the precision of data used. However, no matter the indicator, the estimated age of death is always accompanied by a troublesome margin of error. To avoid this difficulty, French paleodemographers proposed, twenty years ago, to work from a "collective age" and no longer from an individual age. Their statistical method, adopted by most European paleodemographers, is refused by American colleagues. This article offer a critical analysis of diverse methods used, examines proposed adaptations, and denounces abusive practices. In so demonstrating the impossibility of attributing an exact age based on any type of bone characteristic, the authors contribute complementary evidence to existing methods and pursue their research from a statistical approach. In recognizing the imperfections of the anthropological document it is grounded in, and clearly defining its limits, paleodemography may provide original information there where traditional demographic methods can not venture. New methodological approaches should benefit from the important corpus of data provided by anthropologists.

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